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Portrait - Agnes Uhereczky, Co-fondatrice de the WorkLife HUB, spécialisée en développement organisationnel

Jeudi 26 novembre 2020
En bref
Qui ? 
   Agnes Uhereczky, 44 ans, économiste diplômée de l’université de Corvinus, en Hongrie, spécialisée en développement organisationnel.  
Quoi ? 
  Co-fondatrice avec Zoltan Vadkerti de the WorkLife HUB en 2014.
Domaines d’expertise ? 
  Work-life balance : équilibre entre vie privée, vie professionnelle et vie familiale.

 

Fascinée depuis toujours par le bonheur et le bien-être au travail, Agnes Uhereczky a travaillé durant 17 ans au sein des institutions européennes avant de se réorienter vers le conseil auprès des entreprises et la gestion du changement. L’éducation, la formation pour faire face à un marché de l’emploi en constante évolution, l’égalité des chances, les jeunes, les femmes, le mentoring, les affaires sociales, les directives du temps de travail au niveau européen… tout cela figure sur sa liste, avec toujours à l’esprit de donner à chacun·e l’opportunité de développer son potentiel. 

« Nous avons créé la société en 2014, mon associé et moi, d’abord comme activité complémentaire, et ensuite à titre principal, depuis janvier 2016. On est très complémentaires. Lui est méthodique, il gère les plannings, échéances, les finances. Et moi, je suis plutôt créative ; je pense à cette fleur bleue et à ce papillon vert et je me dis qu’en mélangeant les deux, on obtiendra un résultat détonnant ! »

Le courant du servant leadership

The WorkLife HUB travaille sur 3 axes : la recherche, l’implémentation de stratégie et la communication. « On mène des projets de recherche sur les barrières et obstacles culturels et structurels que rencontrent les travailleur·euse·s, en Europe et dans le Monde. » Des exemples ? « Nous avons mené pour l’Institut européen de l’égalité entre les genres un projet sur la raison du peu de présence des femmes dans le secteur IT. L’été dernier, on a guidé un travail de recherche pour ILO (International Labour Organization) dont a été tiré un guide sur le télétravail en situation de pandémie. Cela signifie interviewer des managers au Japon, au Brésil, partout dans le Monde. Isoler les bonnes pratiques et les considérations-clé dont il faut tenir compte pour évoluer. »

Le deuxième axe de la société consiste à aider les employeurs à implémenter ces bonnes pratiques au sein des entreprises. « Nous diagnostiquons les nœuds et nous mettons en place des recommandations très pratiques pour les aider à les surmonter afin d’avancer vers une organisation où règne davantage de bien-être. »

Troisième et dernier axe de travail : la communication. « On a développé un podcast suivi par 35.000 personnes, dans 25 pays. C’est parti de notre conviction qu’il y a une foule d’informations «cachées». On parle de ce que font Apple et Google mais rarement de la petite PME à Anvers ou en Pologne. Nous essayons de les rendre plus visibles en partageant leurs grosses tendances et leurs petites astuces. »

Un pays fait-il figure de bon élève ? 

« En fait, non, répond Agnes Uhereczky. Même en Scandinavie, la région en général considérée comme la meilleure dans ce domaine,  il y a des travailleur·euse·s moins épanoui·e·s. Tout dépend du/de la chef·fe direct·e. Même si le/la big boss est très favorable à la parité et au well-being, si le/la boss direct est un·e micro-manager qui contrôle tout, il/elle génèrera du stress. Aujourd’hui, les managers doivent avoir plus que jamais une idée de ce qu’ils/elles attendent de leurs employé·e·s et être capables de le formuler. De cette manière, les employé·e·s peuvent s’organiser pour le réaliser au mieux, au moment qui les arrange. »

La co-fondatrice de the WorkLife HUB évoque ici le « servant leadership », qui sert les intérêts de l’organisation ET le bien-être des employé·e·s. Ce type de managers donne de l’autonomie, de la transparence, de la confiance… « La pandémie a permis de les identifier, explique Agnes Uhereczky. Ce sont ceux et celles qui ont renoncé à leur bonus pour pouvoir payer les employé·e·s,  qui ont sauté sur les visioconférences pour rassurer tout le monde, qui ont permis aux employé·e·s de venir chercher de bonnes chaises et les ramener à la maison pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions. »

Une vie. Une seule.

«Ai-je trouvé facile de me lancer comme indépendante ? Non, ça n’a pas été facile. Mais en 2018, nous avons co-écrit un livre de management, « One life », pour expliquer comment les entreprises peuvent mettre en place ces dispositifs qui permettent aux gens de s’épanouir, au travail et à la maison. Ce n’est pas travail d’un côté et famille de l’autre. C’est UNE vie. Ce livre nous a fait connaître et a attiré pas mal de client·e·s. »

Et oui, l’entrepreneuse applique au quotidien les principes dont elle fait son core business : « Depuis que j’ai su que je voulais des enfants, j’ai su que je ne voulais pas rater les grands moments avec eux. Je suis toujours allée les déposer ou les chercher à l’école, c’est du bonheur. Comme être là pour les premiers pas, pour le goûter, observer la nature qui change. Me remettre au travail après le repas du soir, pour pouvoir profiter de ces moments, ne m’a jamais dérangée. »

Sa plus grosse difficulté ? 

« La vente… Je n’y étais pas du tout formée et j’avais des croyances très contreproductives sur l’argent. « Les gens très riches ont toujours fait quelque chose d’illégal», « L’argent ne fait pas le bonheur », « The best things  in life are for free ». Cela me venait de mon pays, de ma famille. J’ai dû travailler là-dessus. Aujourd’hui je me sens très confortable à l’idée de demander de l’argent pour mon travail. Je n’ai pas été coachée mais je me suis inspirée de beaucoup de femmes entrepreneuses trouvées en ligne, comme Sara Blakely.

Un conseil aux femmes qui penseraient se lancer ? 

« On veut d’abord tout savoir, tout couvrir, tout comprendre et ensuite on se lance, pour éviter les déconvenues. Mais on ne peut pas les éviter. On a connu des moments où des projets tournaient très mal, de grosses chutes de cash-flow, où l’on ignorait d’où viendrait notre prochain contrat… il faut juste traverser, il n’y a pas d’autre moyen. Il faut affronter nos craintes, ne pas craindre les risques. L’entreprenariat est difficile. Mais le pur bonheur, la croissance et le développement sont de l’autre côté de la peur».

Texte et photos : Véronique Pipers

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