Pascale Frennet, aromatologue et aromathérapeute clinique

En bref
Qui ? 
  Pascale Frennet, 57 ans, aromatologue et aromathérapeute clinique, diplômée entre autres de l’Université de Strasbourg
Quoi ? 
  Indépendante spécialisée dans les thérapies olfactives 
Domaines d’expertise ? 
  Aromathérapie scientifique et clinique, thérapies olfactives, massothérapie
 

 

 

Pascale Frennet a eu plusieurs vies. D’abord attachée de presse et attachée parlementaire, elle a bifurqué vers l’aromathérapie clinique à la faveur d’un événement de vie. Elle nous explique comment les huiles essentielles peuvent soulager anxiété, stress post-traumatique, insomnie et douleurs.

« Un événement a fait basculer ma vie, se souvient l’aromathérapeute. Mon fils a eu un très grave accident de voiture ; j’ai dû monter une chambre médicale à la maison et je me suis occupée de lui pendant plus d’une année. Après cela, j’ai traversé un épuisement dont j’ai eu des difficultés à me remettre. Après une longue période de convalescence, j’ai décidé de me former à l’aromathérapie. J’ai commencé chez Dominique Baudoux, qui est une référence dans le domaine en Belgique, mais je voulais aller plus loin. J’ai cherché la formation qui me convenait et je l’ai trouvée à la Faculté libre de médecine naturelle et d’ethnomédecine à Paris avec, entre autres, Pierre Franchomme. J’ai suivi le cursus d’aromathérapie scientifique. »

Développer l'aromathérapie à l'hôpital

L’aromathérapie scientifique consiste à se pencher sur la composition chimique des huiles essentielles, les molécules, et voir comment elles peuvent agir ou interagir, en fonction des problèmes de santé. Pour aborder le versant clinique, Pascale Frennet a choisi l’université de Strasbourg, pour son cursus de développement de projets en aromathérapie en milieu hospitalier. « Beaucoup de médecins demeurent très méfiants à l’égard des huiles essentielles, précise-t-elle. C’est pour cette raison que j’ai voulu développer cette expertise, sans être ni infirmière ni médecin. J’ai désormais une bonne base en chimie, anatomie et physiopathologie, de sorte que quand je propose un projet, je peux parler aux médecins dans un langage qu’ils peuvent entendre. Je ne dénigre pas du tout l’aromathérapie énergétique, je m’y suis formée également. Mais quand on entre dans un hôpital, il faut s’adapter. On parle de thérapie non pas alternative mais intégrative ou complémentaire. »

Ateliers olfactifs et parfums de soins

Entrée en tant que bénévole dans une unité de soins palliatifs (au pôle Léonard de Vinci du CHU Charleroi), Pascale Frennet a proposé au médecin d’utiliser les huiles essentielles dans le cadre d’un projet avec des « aromasticks », à savoir des sticks olfactifs, pour aider les patients mais aussi pour soutenir le personnel soignant.

L’aromathérapeute intervient aussi dans des « maisons du mieux-être » et au Grand Hôpital de Charleroi où elle accompagne les patients en tant que massothérapeute mais aussi au travers d’ateliers olfactifs, de parfums de soins : « J’invite les patients admis en oncologie à apprendre à manipuler les huiles essentielles en sécurité et ensuite à les mélanger en fonction de leurs besoins : réduire le stress, l’anxiété, la peur, la douleur. » Car oui, on peut agir par olfaction sur la douleur. « Ce n’est pas comme la morphine bien sûr, précise-t-elle, mais ça peut aider à espacer ou à diminuer les doses d’antidouleurs notamment. Il m’arrive aussi de travailler en duo avec un psychologue. Outre les bienfaits incontestables des huiles, sentir une odeur agréable change tout, à l’hôpital.

On ne propose pas de prendre les huiles essentielles par voie orale, les médecins sont réticents, souvent à cause de possibles interactions médicamenteuses. Mais on a déjà une très belle action par olfaction et par voie cutanée, ce sont les deux voies que je préconise. »

La rééducation olfactive

Avec la crise sanitaire, l’accès aux lieux de soins étant limité, l’aromatologue s’est orientée vers la rééducation de l'odorat : « j'applique une méthode appelée OSTMR (Olfactory Stimulation Therapy for Memory Reconstruction) pour laquelle j'ai été formée et certifiée. Elle a été mise au point par le docteur Olga Alexandre, neuropsychiatre et biochimiste. Cette méthode ciblait initialement les patients en oncologie et a été étendue et adaptée à 14 autres protocoles. » Celui qui rencontre le plus d'intérêt actuellement est la rééducation de l'odorat et le traitement du stress, de l'anxiété et des insomnies. Rien d’étonnant vu le contexte sanitaire et les effets du covid long.

« Nous ciblons également les traumatismes psychologiques (post-trauma, stress post-traumatique), poursuit-elle, la douleur aigüe et chronique, etc. Il s'agit d'une thérapie personnalisée, basée sur l'identification des symboles olfactifs liés à mémoire olfactive et émotionnelle du patient. » Cette méthode encore peu connue va se développer dans les hôpitaux. Des projets sont en cours en Belgique, assez ouverte en la matière.

Se former et se bouger

« Je construis les choses, précise Pascale Frennet, c’est une activité complémentaire ; mon but n’est pas de faire de l’argent, je suis dans l’aide et l’accompagnement. Les portes se sont ouvertes mais je ne suis pas restée sur ma chaise en train d’attendre. J’ai proposé et on m’a toujours reçue. »

En découle tout naturellement, sa recommandation aux femmes qui souhaiteraient lancer leur projet :  en aromathérapie comme ailleurs, il faut avoir une formation solide pour parler de choses que l’on connaît en des termes qui sont entendus par votre interlocuteur, dans mon cas le monde médical. Mais c’est valable pour tous les domaines. Ne pas avoir peur de se lancer, ne pas rester sur des croyances ou des a priori. On peut créer son projet. J’ai une idée, je la développe, je prépare bien ma présentation et je contacte les personnes susceptibles d’être intéressées.

 

 

Texte et portraits : Véronique Pipers

 

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