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Portrait - Sanae Saadaoui : Fondatrice et Gérante d'IT as ART, Docteure en Informatique (UNamur)

Mardi 24 mars 2020
En bref
Qui ? 
  Sanae Saadaoui, 54 ans, Docteure en Informatique de l’Université de Namur.
Quoi ? 
 Fondatrice et gérante d'IT as ART, secrétaire générale et vice-présidente pour Bruxelles de l'Association des Femmes Chefs d'Entreprise de Belgique (FCE). Chargée de cours à l'UNamur.
Domaines d’expertise ? 
 Accompagnement à la transformation digitale, optimisation et automatisation des processus métiers, accompagnement aux projets de développement
 de solutions digitales (logiciels).

 

L'informatique, un monde d'hommes?

Les femmes y ont aussi leur mot à dire; Sanae Saadaoui n'en démord pas, à condition pour elles de se différencier dans un domaine très concurrentiel.

Pour Sanae Saadaoui, le changement commence par une étincelle. Aux sociétés et chef·fe·s d’entreprises, elle propose de les stimuler par l’innovation de rupture et de les accompagner dans le changement qui (ré)enchantera leur activité. 

« J’ai toujours été passionnée par le domaine scientifique, commence-t-elle, les découvertes, l'évolution des sciences mais aussi des mentalités. Je lisais beaucoup de livres et revues scientifiques et psychologiques. J’aime comprendre. J'ai vécu au Maroc, dans une famille très ouverte. Mes parents m’ont poussée à faire des études, ma mère était enseignante, elle a lancé une des premières écoles privées sur Tanger, c'est une entrepreneuse dans l'âme. Elle voulait que je sois indépendante, dans tous les sens du terme. Nous étions peu nombreuses dans le cursus scientifique, et en particulier en sciences mathématiques. » ​

Partir des besoins humains, et non l'inverse

« Je suis arrivée en Belgique en 1988, par hasard. Traditionnellement, on part du Maroc pour étudier en France ou au Canada. Mais à la suite de mes études en informatique à l’université de Namuron m'a proposé d’y devenir chercheuse, au sein d’une cellule inter-facultaire, dans le domaine du Constructive Technology Assessment (comment faire en sorte que les nouvelles technologies soient « bien » pensées et utilisées pour qu’elles aient un impact positif sur la société). Ensuite, j’ai rejoint la faculté d’informatique de l’UNamur pour des recherches sur l’aide à la décision médicale.»​

« Au bout d’une dizaine d'années, j'ai eu envie de connaître le monde de l'entreprise. J'ai rejoint un centre de recherche appliquée spécialisé dans le domaine de l'innovation et transfert technologique vers les entreprises (CETIC), où j’ai travaillé à la fois sur des projets de recherches et sur des projets de consultance auprès de PME. Après 10 ans, je me suis rendue compte que la technique prenait de plus en plus le pas sur l’humain, ce qui m’a fait déchanter. »​

A la suite d'un burnout en 2017, la secrétaire générale actuelle de la FCE décide de se lancer comme indépendante. « L'informatique et les technologies, pour moi, doivent aider quand cela devient complexe. J'ai voulu faire mon métier en intégrant une composante humaine. Cela signifie proposer des technologies parce que les gens en ont réellement besoin, offrir une plus-value. Il faut travailler en amont, partir des besoins humains et ensuite choisir la technologie. Le digital et l’innovation deviennent incontournables pour les entreprises, mais dans beaucoup de cas, les entreprises doivent encore résoudre des problèmes de base comme structurer l’entreprise, décrire et simplifier leurs processus, qui sont essentiels pour pouvoir ensuite innover et adopter le digital. » ​

Oser innover, expérimenter

Sanae Saadaoui est désormais sa propre boss à 100%, depuis 2017: 

« J’ai lâché tout le reste, ça a été un gros risque financier mais c'était le seul moyen d’être pleinement impliquée dans mon projet et alignée sur ma vision et ma raison d’être. Je donne pas mal de conférences aussi, cela permet de sensibiliser à moapproche, et je donne cours à l'université de Namur. »

Côté cœur de cible, l’entrepreneuse vise les PME, le lieu selon elle où les besoins sont les plus importants. Et les moyens y sont inversement proportionnels… : « J'essaye de trouver des alternatives, détaille-t-elle, afin de pouvoir proposer aux petites entreprises des actions d’innovation et de digitalisation faciles à mettre en place. L’innovation de rupture, quant à elle, nécessite des transformations plus profondes de l’organisation et des technologies plus pointues, et parlent plutôt aux grosses structures. Et font peur aux petites structures. Je m'adapte ainsi aux client·e·s, à leur situation dans le but de les amener tout doucement à penser des solutions plus innovantes. »

Texte et photos : Véronique Pipers

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